Par exemple, mon obsession du chiffre trois. Je l'ai encore. Lorsque je descendais les escaliers de la maison, j'étais
impatient d'être plus grand, rien que pour pouvoir sauter les marches trois par trois. Au collège, les autres élèves me criaient dessus à la récréation parce que si le trois ne sortait pas, je ne
jouais pas. Je disais : Si on ne me le demande pas trois fois, je ne joue pas. Lorqu'un mois commençait, j'étais impatient à l'idée de voir ce qui se passerait le troisième jour. Lorsque
j'étudiais, les curés me punissaient parce que je m'ennuyais et ne prêtais pas attention à la deuxième leçon, la plus importante, mais que j'étudiais très attentivement la troisième, plus
secondaire. Je me souviens de la fascination ressentie le jour où les curés m'ont expliqué que Notre Seigneur avait été crucifié à trente-trois ans. C'était trop ! Il y a deux trois dans
trente-trois. C'est la raison pour laquelle il m'a paru normal qu'un homme comme ça ait fait de grands prodiges. Un jour, un des religieux m'a demandé ce que je pensais de la résurrection du
Christ et je lui ai répondu : ça cadre. En supposant qu'il ressuscite, il ne pouvait pas mieux choisir que le troisième jour...
Lluis-Anton Baulenas, Le fil d'argent. Flammarion - J'ai lu.
Traduit
du catalan par Cathy Ytak